mardi 12 avril 2016

Pourquoi le système politique algérien est irréformable 2/2


Abdelaziz Bouteflika le 10 avril 2016. Il est malade depuis 2005, gravement depuis 2013.
Le visage d'un système abominable


Par Lyes Benyoussef



4. La hiérarchie militaire

Même dans l'armée, ce qu'on appelle les « jeunes officiers » sont fascinés par des supérieurs richissimes et omnipotents, dont certains devenus mythiques à leurs yeux. Chacun des généraux (au risque d’ennuyer le lecteur, je vais réutiliser le mot) analphabètes fonde une dynastie. Les « jeunes officiers » ne rêvent que de les remplacer avec toujours les privilèges auto-octroyés, l'inculture et l'anti-démocratie. C'est pourquoi l'exemple portugais (c’est-à-dire les capitaines démocrates révolutionnaires) ne sera pas réédité en Algérie.  Ahmed Rouadjia écrit : « La jeune génération d’officiers plus instruits et mieux formés que leurs aînés dans les grandes écoles soviétiques, occidentales et nationales, après l’indépendance, s’est trouvée complètement inféodée, bridée puis maintenue en laisse par la gérontocratie de militaires hauts gradés, comme le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, et d’autres généraux du même acabit. Usés jusqu’à la corde par le pouvoir, gangrenés par la corruption, contaminés par le goût de la licence et de la luxure, certains officiers hauts gradés ont une conception d’autant plus étroite et étriquée du monde qu’ils n’ont pas d’autres projets grandioses que ceux de dépouiller l’État de ses prérogatives régaliennes en vidant le trésor public à la faveur de l’économie rentière. » Loin de répugner les jeunes, ils les fascinent. Il n'y aura jamais de militaire sauveur en Algérie.


5. Le soutien de l'Occident

Le soutien effectif et officiel de l’Occident, tout particulièrement les États-Unis et la France, au système politique algérien est un élément fondamental. S’agissant de la France, elle n’a plus le choix, l’État français étant le complice d’abord volontaire du système politique algérien. Rappelant l'impunité de l'assassinat de l'opposant algérien Ali André Mécili à Paris début avril 1987. 
La droite française comme la gauche, mais surtout la gauche, sont totalement corrompues depuis 1962 (voir Nicolas Beau, Paris, capitale arabe, éd. du Seuil) à tel point que seule l’extrême-droite française est hostile au système politique algérien — mais cette hostilité de l’extrême-droite est celle envers toute l’Algérie, peuple et histoire. 
Par son acceptation de la division internationale du travail, par la dévastation des forces productives intérieure, le régime algérien arrange les Américains qui ne demanderaient pas mieux, sauf peut-être Chakib Khelil comme président...

6. Les crimes de la décennie 1990

Les décideurs coupables d'effroyables crimes (et leurs clientèles) durant la décennie 1990 feront absolument tout pour dissuader leurs « camarades » moins impliqués, si tant est que l'idée démocratique effleure l'esprit de ceux-ci. En effet, pour les coupables, même fuir à l'étranger est impensable depuis le Printemps arabe. L'Algérie et l'Algérie dans le statuquo est leur otage. On ne connait pas dans l'histoire de l'humanité un groupe social qui s'est sacrifié pour les autres et les décideurs algériens (aussi criminels, corrompus, incultes et soutenus par l'Occident), ainsi que les groupes cités ci-dessus qui gravitent autour d’eux, ne seront pas les premiers à le faire.

7. La rente pétrolière

In fine, la rente des hydrocarbures qui permet de financier tout ce merdier. Rappelons que le facteur travail en Algérie n'est pas vraiment productif et qu'une économie digne de ce nom n'existe pas en Algérie. Il ne faut pas s'en réjouir de la baisse du prix du baril. Cela a déjà eu lieu et le régime de Chadli ne s'était pas transformé en démocratie, mais il a essayé de faire une réforme conduisant à la mode chinoise (libéralisme économique, autoritarisme politique). L'échec de cette tentative, au demeurant prévisible, avait conduit à la guerre civile.


Si la rente des hydrocarbures venait à s'amenuiser complètement, il est à craindre que les décideurs cherchent une autre rente de situation, en monnayant leurs services aux puissances occidentales pour leur garantir la « stabilité » à la rive sud de la méditerranée. 
Mais si tel est le cas, pourquoi n'y a-t-il pas de révolution endogène en Algérie pour changer les choses ?
Une réponse sera esquissé dans un prochain article.

L. B. 

Le destin de l'Algérie semble tragique

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